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  • Article publié le 17 novembre 2020
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Le billet du 17 nov. 2020 de Christophe Prudhomme, Fédération CGT de la Santé - Danger

Billet d’humeur de la semaine

Danger

J’ai pris en charge hier un patient de 50 ans que j’appellerai Richard pour le transférer en réanimation dans un grand hôpital parisien en prévision d’une éventuelle greffe cardiaque.

Il y a quelques jours, Richard, s’était plaint de douleurs intermittentes dans la poitrine et dans le dos. Un premier épisode était survenu un matin alors qu’il marchait dans la rue puis elle avait repris dans la journée, mais son intensité avait baissé après la prise d’un anti-douleur. Le lendemain, alors qu’il reprend le volant de son camion en tant que chauffeur routier, il ressent de nouveau une très forte douleur qui l’oppresse. Cette fois-ci, il demande à son chef d’équipe d’appeler des secours. Quelques minutes plus tard, le médecin du SAMU qui vient de lui faire un électrocardiogramme lui annonce qu’il est en train de faire un infarctus et lui annonce qu’il faut l’emmener le plus rapidement possible dans un centre de cardiologie pour aller déboucher l’artère du cœur qui est en train de se boucher.
Dans un premier temps tout se passe bien, le geste est réalisé par le cardiologue mais brutalement le cœur de Richard s’emballe et il est nécessaire de réaliser un choc électrique. Le cœur se régularise de nouveau mais une nouvelle complication se produit, avec un bref arrêt cardiaque. Une heure plus tard la situation s’est stabilisée mais le cardiologue constate qu’une partie du cœur se contracte malheureusement très mal, ce qui est le signe de la mort d’une partie du muscle.

Mais que s’est-il passé ? En fait les premières douleurs de Richard était le signe d’une menace d’infarctus du myocarde. A cette phase, une intervention rapide (dans les 6 premières heures après le début de la douleur) permet de déboucher l’artère du cœur en cause et d’éviter un infarctus qui signe la destruction définitive de la partie des cellules du cœur qui ne reçoivent plus de sang. Malheureusement, Richard a trop attendu et son hospitalisation a été trop tardive. Interrogé, il nous répond qu’il pensait que « ça allait passer » car il n’avait jamais été malade et puis il devait reprendre son travail qui en cette période de confinement était très dense. Il indique aussi qu’il ne « voulait pas déranger » sachant que les hôpitaux étaient débordés.

Cette histoire est typique des conséquences indirectes de l’épidémie liée au coronavirus, avec le retard du traitement de maladies graves. Oui, notre système de santé est sous tension mais il est là pour prendre en charge tous les patients. Alors n’attendez pas en cas de problème. La gravité n’est pas toujours celle que vous croyez et une prise ne charge médicale rapide peut permettre d’éviter des catastrophes.

Dr Christophe Prudhomme

Le 17 novembre 2020



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