- Article publié le 17 novembre 2025
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Vers l’ubérisation de nos services publics ? Lettre ouverte au maires
De la différenciation des territoires à la différenciation dans le traitement des usagers et à la différenciation des statuts des personnels, le pas est en train d’être franchi.
Madame la Maire, Monsieur le Maire,
Madame la Présidente, Monsieur le Président,
Permettez-nous de profiter de ce congrès des Maires de France pour nous adresser à vous, nos employeurs. Ce congrès se situe à proximité des élections municipales et à un moment où plane l’imposition d’une nouvelle réforme territoriale, qui sera fondée sur une accentuation nette des politiques de différenciation territoriale.
En effet, dans son discours de politique générale, le premier ministre Lecornu a évoqué la place des collectivités sous un aspect qui, selon nous, implique une grave remise en cause de tout l’édifice républicain sur lequel se sont construites les communes et au-delà les collectivités. La « révolution copernicienne » évoquée par Emmanuel Macron en 2017 – à savoir un changement radical du rapport aux territoires, des modes d’action de l’État et de l’uniformité républicaine – s’est progressivement concrétisée sous ses mandats par l’accumulation de réformes de structure, de délégations et d’expérimentations. Ce à quoi l’on assiste, c’est une transition d’une logique de gestion à long terme vers une gestion axée sur le court terme et la rentabilité immédiate, où le statut même du personnel et la structure publique deviennent perçus comme des entraves à cette nouvelle dimension financière.
C’est bien dans cette direction qu’entend aller le gouvernement. Dans la continuité de la politique du président Macron, Sébastien Lecornu a parlé de « libertés normatives » pour les collectivités, c’est-à-dire de la généralisation de la différenciation territoriale. La loi ne serait donc plus la même pour tous. Le principe de l’égalité républicaine volerait définitivement en éclat. Selon notre devise, issue de la Révolution française, La « liberté » n’est pas possible sans « égalité » et il faut remplir ces deux conditions pour créer la « fraternité ». Lorsque la loi n’est plus la même pour tous, ce sont les dirigeants de la collectivité la plus puissante qui dirigent. Les « normes » seront faites pour répondre à leurs intérêts politiques fondés sur des considérations économiques. La démocratie politique et sociale sera la grande perdante.
En tant qu’agents territoriaux, notre fonction est de mettre en œuvre au quotidien la réponse aux besoins des usagers. Nous sommes un rouage indispensable du lien entre les choix et décisions poli-tiques prises par l’assemblée délibérante et la réponse aux besoins. C’est la raison pour laquelle il nous semble essentiel de nous adresser à celles et ceux qui vont mener campagne pour leur réélection, cette adresse concernant bien entendu toutes les candidates et tous les candidats à la gestion municipale.
Pour nous, agents territoriaux et syndicalistes CGT, il y a un rapport essentiel entre la qualité du service public, le niveau de prise en charge et de réponse aux besoins et nos conditions de travail. Nos missions sont aujourd’hui fragilisées par des politiques d’austérité imposées sur le plan national, - parfois relayées localement avec zèle - qui réduisent les moyens des collectivités, remettent en cause le statut des agents et affaiblissent la démocratie locale.
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