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  • Article publié le 26 octobre 2020
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Un couvre-feu imposé à 46 millions d’habitants, contre-productif, hypocrite et liberticide

Un confinement qui ne dit pas son nom, réellement peu efficace, voire contre-productif.
Si les autorités et leurs supplétifs médiatiques arguent que « cela évite des contacts sociaux quelquefois alcoolisés, une possibilité de clusters », le couvre-feu, surtout lorsqu’il est le plus contraignant, se traduit par des concentrations de personnes dans des lieux encore plus confinés. En outre, instaurer un couvre-feu participe de l’idée fausse selon laquelle les contaminations se font d’abord dans les lieux de sociabilité – bars, restaurants – et en soirée culturelle, sportive... Or, selon les données de Santé publique France, les principaux foyers de contamination demeurent les entreprises privées ou publiques (25 % des clusters identifiés au 8 octobre) - cela montre à quel point il est urgent de supprimer le jour de carence des fonctionnaires qui, malades, se rendent au travail malgré tout pour ne pas être pénalisés - suivies des écoles et des universités (21 %) et, enfin, le milieu familial élargi et les rassemblements privés (17 %).

Une hypocrisie car comment comprendre l’efficacité d’une mesure qui dit aux gens “vous rentrez chez vous tous les soirs avant 21 heures mais, dès le lendemain matin, vous pouvez continuer à vous entasser dans les transports en commun pour aller au travail ”.

Rien, dans les nouvelles annonces, quant à la prise de mesures sanitaires répondant, d’une part, aux revendications des professionnels de la santé, du médico-social et de l’action sociale - création de 100 000 emplois au niveau national pour les hôpitaux, 200 000 pour les Ehpad et 100 000 pour le secteur du médico-social et de l’action sociale, augmentation de salaire, ouverture de lits de réanimation dans les hôpitaux - et d’autre part à l’urgence de la situation avec une campagne massive de tests gratuits et des mesures protégeant le monde du travail prioritairement - masques gratuits fournis par les employeurs, réduction du temps d’exposition avec réduction du temps de travail -. A noter ici que les laboratoires de la médecine libérale ont, dans cette période, démontré leur incompétence - car c’est leur nature - à relever un enjeu d’intérêt général : tests surfacturés pour les gaver avec l’argent de la Sécurité sociale quand, selon les camarades de la santé, leur coût est de moitié par exemple en Espagne. Il est grand temps de reconstruite et développer la médecine du travail et scolaire.

Comment comprendre cette politique à géométrie variable  ? C’est simple, comme pour les masques, puis les tests en début d’épidémie, ces décisions n’ont rien à voir avec des mesures de santé publique cohérentes. Elles sont motivées uniquement par la gestion de la pénurie. Pénurie qui est connue et qui s’est même aggravée depuis le début de l’année. En effet, même le président de la Fédération hospitalière de France, représentation institutionnelle des hôpitaux, a déclaré récemment qu’il y avait moins de personnels actuellement dans les hôpitaux qu’au mois de janvier. En effet, depuis la crise, aucun plan de recrutement n’a été mis en place par le gouvernement et les démissions sont nombreuses du fait de la poursuite de la dégradation des conditions de travail et de la déception face au Ségur de la santé. La seule solution est donc de faire travailler des personnels potentiellement contagieux, avec tous les risques que cela comporte.

Alors que le Code de santé publique autorise déjà le ministre de la Santé à prendre des mesures d’urgence en cas d’épidémie, Macron fait de nouveau le choix de l’état d’urgence sanitaire généralisé pour masquer les carences des pouvoirs publics en matière de politique de santé.

L’État d’urgence, arrivé à son terme le 11 juillet dernier, est réactivé en lieu et place d’une période transitoire qui devait courir jusqu’au 1er avril 2021. Alors que le Défenseur Des Droits qualifiait déjà cette mesure de disproportionnée, l’état d’urgence sanitaire va donner des pouvoirs exorbitants à l’exécutif et permettre la mise en place de mesures liberticides.

Dans ce contexte, la mise en œuvre d’un « couvre-feu » imposé aux résidents de 54 départements, en plus d’être une atteinte aux libertés individuelles et collectives, ne correspond pas aux mesures à prendre au préalable, concernant le travail, les milieux scolaire et médical.

Au lieu de faire planer la responsabilité des nombreuses contaminations sur les populations qui feraient prétendument passer leur liberté individuelle avant leur devoir de citoyen, le gouvernement serait mieux avisé de répondre au besoin de renforcement de notre système de protection sociale solidaire.

Montreuil, le 26 octobre 2020



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