1111

Activité du collectif

  • Article publié le 2 mars 2023
  • /
  • 160 visites

International I Une délégation de la Fédération CGT des services publics au 12ème congrès de la CGILFP

Natacha Pommet, notre secrétaire générale, accompagnée de Didier Potiron, membre du secteur international, représentaient la Fédération CGT des Services Publics au 12ème congrès de la CGILFP (Confédération générale italienne des travailleurs de la Fonction publique) les 14 et 15 février 2022 à Cervia. Dans un contexte politique où l’Italie est gouvernée par des partis d’extrême-droite et de droite dure, ils ont pu témoigner de notre solidarité aux camarades de la CGILFP. A cette occasion, ils ont échangé avec Nicoletta Grieco, responsable nationale chargée des questions internationales.

Quel est votre bilan des cent premiers jours du gouvernement d’extrême droite de Meloni ?
Nicoletta Grieco. Le solde ne peut être que négatif. Le gouvernement Meloni, immédiatement après son entrée en fonction, a adopté une mauvaise législation. Le décret du 2 janvier 2023 a introduit un nouveau système de sanctions qui donne aux ministres de l’intérieur, en accord avec le ministère de la défense et des infrastructures-le pouvoir de restreindre le transit et l’escale des navires dans les eaux territoriales. Cela complique le travail de sauvetage en mer, que les garde-côtes nationaux ne sont souvent pas en mesure de soutenir, notamment en attribuant des ports de plus en plus éloignés, en dévalorisant avec mépris le travail des ONG et en créant un système de sanctions et de bureaucratie qui ralentit en fait les opérations de sauvetage.
D’autre part, la loi budgétaire ne résout en rien les problèmes liés au pouvoir d’achat des citoyens qui ont dû faire face à l’explosion des coûts de l’énergie. La loi budgétaire n’augmente pas les salaires, ne s’attaque pas au problème de l’emploi précaire et, au lieu de taxer les bénéfices supplémentaires, elle introduit une taxe forfaitaire pour les indépendants jusqu’à 85 000 euros, ce qui est contraire au principe constitutionnel de la progressivité de l’impôt. En outre, il n’y a pas de ressources pour les soins de santé, qui ont déjà été mis à l’épreuve par la pandémie, et l’éducation, et il n’y a pas non plus de prise en charge de la question des retraites que nous appelons depuis longtemps à réformer. Le gouvernement de droite, par pure choix idéologique, a également décidé d’annuler le « revenu de citoyenneté », une contribution maximale de 700 euros par mois pour les familles pauvres, instaurée pendant la pandémie. La guerre contre la pauvreté s’est transformée en une guerre contre les pauvres. La confédération a encouragé une grève générale le 16 décembre.

Cette politique affecte-t-elle les services publics, y compris les administrations locales et régionales ?
N.G. Oui, sans aucun doute. Le projet de loi sur l’« autonomie différenciée », discuté en Conseil des ministres la semaine dernière, est une attaque contre l’unité des droits qui conduira à une cristallisation inacceptable des écarts existants entre les régions, voire à leur élargissement. En effet, nous pensons qu’il est fondamental de garantir dans toutes les régions italiennes, y compris avec un système institutionnel décentralisé, les droits fondamentaux des administrés et les niveaux essentiels de services publics dans les secteurs social, sanitaire, de la non-autosuffisance, de l’éducation, du système intégré de services aux familles et aux personnes, du travail et de l’environnement. Selon nous, les priorités passent donc par un financement accru et une campagne de recrutement appropriée pour ramener le nombre de travailleurs dans les administrations à des niveaux utiles et répondre de manière adéquate à la demande de services aux citoyens. Le recrutement ne parvient pas à combler les nombreux départs à la retraite, sans d’ailleurs que le personnel, qui a quitté les administrations, n’ait eu le temps de transmettre l’expérience d’années de travail à ceux qui sont encore en activité. De la même manière, les coupes budgétaires effectuées au fil des ans ont affecté la continuité des services publics. Ce projet de réforme de l’« autonomie différenciée » s’inscrit dans un contexte profondément difficile qui voit les Provinces et les Villes Métropolitaines engagées dans la mise en œuvre de nouveaux programmes européens de révision des dépenses alors même qu’elles souffrent encore des effets d’une précédente réforme du dispositif institutionnel qui a sapé leur coordination et affecté leur fiscalité. Sept ans après cette première réforme, les provinces et les villes métropolitaines n’ont toujours pas retrouvé leur dignité économique ou managériale.

Quels sont les impacts sur les travailleurs et les travailleurs des services publics en particulier ?
N.G. La première et la plus importante question est celle des salaires. Les salaires des travailleurs publics, dans tous les secteurs, en particulier dans les administrations locales, sont trop bas. Les salaires stagnent depuis plus de dix ans et les augmentations contractuelles ne suffisent pas à compenser une inflation aussi élevée et une hausse aussi rapide des coûts énergétiques. Il n’y a pas d’argent pour refinancer les contrats publics. Les ressources allouées dans la loi budgétaire ne correspondent même pas à l’indemnité de congé contractuelle, mais seulement à une indemnité unique, ce qui est une insulte pour des millions de travailleurs publics.
Le gouvernement dit aux travailleurs de la santé, aux éducateurs d’enfants, à la police locale, aux pompiers, aux employés des ministères, aux agences fiscales et de sécurité sociale, aux travailleurs sociaux et aux employés des autorités locales qu’ils doivent une fois de plus payer le prix d’une crise que le gouvernement ne parvient pas à résoudre. Les prochaines négociations contractuelles feront donc de la question salariale la priorité de nos revendications . De plus, comme mentionné ci-dessus, il n’y a pas de financement adéquat, ni pour les soins de santé, qui sont toujours sous-financés, ni pour les autorités locales. En particulier, il n’y a pas la politique de recrutement que nous appelons de nos vœux depuis longtemps et qui devrait compenser en partie le départ à la retraite des personnels. Sans une campagne de recrutement extraordinaire, il sera impossible pour les services publics de fonctionner efficacement.

La montée en puissance de l’extrême droite a-t-elle modifié vos pratiques syndicales, notamment le dialogue social ?
N.G. Depuis 2018, grâce à nos mobilisations, nous avons obtenu deux renouvellements de contrats favorables (conventions collectives dans le droit français). Cependant, comme nous l’avons évoqué précédemment, ce n’est pas encore suffisant pour récupérer du pouvoir d’achat compte tenu du niveau élevé de l’inflation. Ce gouvernement évite la confrontation avec les syndicats, en particulier le nouveau ministre de l’administration publique Zangrillo. En décembre, nous avons présenté notre Plan extraordinaire pour l’emploi* pour répondre à la situation d’urgence dans les administrations publiques. Le ministre a d’abord répondu en disant que ce n’était pas une question de chiffres, pour ensuite se contredire et annoncer 175 000 recrutements à prévoir en 2023, tous concentrés uniquement sur les administrations centrales. Trois choses sont nécessaires pour embaucher dans la santé, les autorités locales et le reste des administrations publiques centrales : plus de ressources pour les administrations, l’annulation du plafond et des limites de dépenses pour les salaires d’embauche et des salaires adéquats. Trois points pour lesquels nous n’avons pas de réponses du gouvernement, donc nous continuerons à nous mobiliser.

Qu’attendez-vous des syndicats européens et en particulier de la Fédération CGT des services publics ?
N.G. La solidarité internationale est cruciale, tout comme l’échange entre les syndicats. L’initiative de juin dernier à Rome sur l’Union européenne nouvelle génération a été cruciale pour nous permettre de comprendre comment, dans les pays ayant une structure étatique similaire à la nôtre, les réformes liées au plan national sont abordées.
Nous suivons de près la vague de grèves qui déferle sur l’Europe, de la France, où les syndicats s’opposent à la réforme des retraites de Macron, au Royaume-Uni, où le gouvernement conservateur s’en prend terriblement au droit de grève. Nous avons également accueilli chaleureusement la solidarité internationale qui s’est manifestée après le lâche attentat fasciste contre le siège de notre confédération en octobre 2021. Le 8 octobre, de nombreux syndicats ont défilé avec nous lors de la manifestation nationale à Rome commémorant l’événement, et beaucoup ont signé le Manifeste du réseau international des organisations antifascistes contre la discrimination. La création d’un réseau de syndicats antifascistes et le renforcement de la coopération internationale sont certainement cruciaux pour développer une action commune qui puisse endiguer la montée de la droite en Europe et renforcer le rôle des syndicats européens.

*https://occupa.fpcgil.it/report-piano-straordinario-per-loccupazione/



A propos

La Fédération CGT des services publics rassemble les personnels des :
 services publics territoriaux, communes, départements, régions et leurs établissements ;
 services départementaux d’incendie et de secours - SDIS (Sapeurs pompiers) ;
 secteurs publics et privés du logement social ;
 secteurs privés des eaux et de la thanatologie (Pompes funèbres)
Elle regroupe plus de 85 000 adhérents, organisés en syndicats dans leurs collectivités ou entreprises, pour défendre leurs intérêts d’agents et salariés du service public, en convergence avec les autres salariés, les usagers et les populations.

Contact

Fédération CGT des Services publics
263 rue de Paris - Case 547
93515 MONTREUIL CEDEX

01 55 82 88 20