- Article publié le 29 novembre 2021
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CGT | Prime inflation, un cache-misère
Alors que les profits s’accumulent pour les grands groupes et que les écarts de revenus se creusent entre les ultra-riches et les plus pauvres, le gouvernement tente une nouvelle diversion face à la montée des prix des produits de première nécessité et des dépenses incompressibles.
Quelle prime et pour qui ?
Contours de la prime
La prime inflation s’élèvera à 100 €, versés en une seule fois, et concernera toutes les personnes qui touchent un revenu d’activité ou de remplacement inférieur à 2 000 € nets, ce qui correspond au salaire médian.
On notera sur ce point que la prime est individualisée et non familialisée. Pour rappel, c’est ce qui est demandé depuis des années pour l’AAH1 et qui serait beaucoup plus justifié que pour cette prime. Pourtant, cette revendication, notamment portée par les associations spécialistes du handicap, est sans cesse refusée par le gouvernement. L’une des dernières justifications de la majorité était qu’« aucun système informatique ne pourrait la mettre en oeuvre ». Finalement on voit qu’avec un peu de volonté politique, les solutions peuvent être trouvées.
L’autre élément à relever est que les revenus du capital ne sont pas pris en compte dans le revenu de référence servant à la prime.
1. Allocation adulte handicapé.
2. Foire aux questions, disponible ici :
https://www.gouvernement.fr/toutes-les-reponses-a-vos-questions-sur-l-indemnite-inflation
Au total, la prime devrait être touchée par 38 millions de personnes, entre décembre 2021 et février 2022. Le coût brut serait donc de 3,8 milliards d’euros pour l’État.
Principaux bénéficiaires
Concrètement, les salarié·e·s du privé (14 millions de concerné·e·s par la mesure), les travailleur·se·s non-salarié·e·s (2 millions) et les étudiant·e·s (1,5 million) boursier·ère·s devraient percevoir la prime en décembre. Pour les étudiant·e·s non boursier·ère·s mais éligibles aux APL, il faudra attendre janvier 2022 (l’annonce du versement de cette prime a provoqué une saturation des lignes téléphoniques des Crous, dont le personnel est débordé par les questions d’étudiant·e·s très nombreux·ses à subir la très grande pauvreté). Ce sera aussi le cas pour les salarié·e·s du secteur public (2,5 millions) et les bénéficiaires de minima sociaux ou autres prestations sociales (6,5 millions). Enfin pour les retraité·e·s (12 millions), ça sera en février 2022.
Une prime en lien avec les prix de l’énergie… ou les prix tout court ?
Prime pour faire face à l’augmentation des prix des carburants ou à l’inflation en général, le gouvernement ne semble pas très sûr de lui. En effet, dans sa FAQ2, censée clarifier les choses, on trouve des réponses contradictoires.
Tout d’abord, concernant la justification du montant de la prime, il est expliqué que ce montant « permet de couvrir l’impact moyen de la hausse du carburant par rapport à la moyenne 2018-2019 si les prix devaient se maintenir à leurs niveaux actuels pendant un an (80 €) ». Pourtant, quelques lignes plus tard on peut lire : « Cette mesure vise à soutenir le pouvoir d’achat des Français face aux hausses des prix, pas seulement la hausse des prix des carburants. » Ce flou est sans doute la marque d’une forme de « panique » côté gouvernemental de perdre la main sur le sujet du pouvoir d’achat. C’est aussi une reconnaissance indirecte que le coût de la vie augmente.
En effet, le gouvernement sait bien que l’inflation ne se limite pas aux seuls prix des carburants, même si les prix de l’énergie (électricité et gaz compris) ont connu une augmentation spectaculaire ces derniers mois. De plus, comme la prime ne fait l’objet d’aucun ciblage par rapport à l’exposition des prix du carburant, le gouvernement a dû indiquer par la suite que la prime n’était pas destinée uniquement à couvrir cette augmentation.
Une prime pour tenter d’acheter la paix sociale ?
Lorsqu’il s’agit des plus modestes, le gouvernement crée systématiquement des primes « exceptionnelles » laissées à sa discrétion. C’est d’autant plus problématique à quelques mois d’une élection présidentielle lorsque le président en place est probablement candidat, non déclaré, à sa propre succession.
À l’inverse, pour les riches, il s’agit de cadeaux fiscaux pérennes comme la transformation de l’ISF en IFI ou encore le prélèvement forfaitaire unique (mémo éco à venir sur le sujet).
La puissance publique organise son impuissance
Concernant le prix des carburants, l’État a lui-même organisé son impuissance, notamment par la privatisation de Total en 1993 par le gouvernement Balladur.
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